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«Le potentiel de l’hydrogène est encore méconnu»
Les véhicules à hydrogène (FCEV) font moins de bruit et sont ravitaillés plus rapidement que les véhicules électriques à batterie (VEB). Néanmoins, ils ne jouent aujourd’hui pas encore un rôle majeur. Kurt-Christoph von Knobelsdorff, de l’Organisation nationale pour la technologie de l’hydrogène et des piles à combustible (NOW GmbH) en Allemagne en est convaincu: «Cela va changer!»
Dominik Buholzer
Aujourd'hui, on parle beaucoup des voitures électriques à bat- teries mais que peu de celles
à hydrogène. Pourquoi?
À cause des pressions politiques. Au- jourd’hui, les constructeurs automobiles doivent lancer sur le marché un très grand nombre de véhicules à 0 émission pour pouvoir respecter les valeurs cibles d’émissions de CO2 s’appliquant au parc automobile adoptées par l’UE. La tech- nologie à batterie a l’avantage d’être plus aboutie sur le plan technologique.
Le potentiel de l’hydrogène
est-il méconnu?
Pour son utilisation dans le trafic routier et concrètement dans les voitures de tourisme: «oui».
À quoi est-ce dû?
En Allemagne, le débat se limite au rendement des véhicules à pile à combustible. Pour que l’hydrogène soit «vert», soit neutre pour le climat,
DURABILITÉ
 il doit être produit à partir d’énergies renouvelables. Conséquence: des pertes de conversion qui, par rapport à un VEB, engendrent un rendement plus faible ou une utilisation de l’énergie moins efficiente. Dans un contexte où les capacités de produc- tion d’électricité et d’hydrogène vers sont ici insuffisantes, l’alimentation par batterie est donc privilégiée, voire même exigée, ce qui exclut l’utilisation de l’hydrogène dans les voitures.
Cet argument est-il suffisant?
Avant toute chose: la pile à combustible n’est pas une alternative à la batterie, mais plutôt un complément judicieux pour certains profils d’utilisation ou certaines exigences des clients. Dans l’ensemble, il n’y a, pour des raisons environnementales, pas d’alternative à l’électrification automobile. Cependant, outre l’électrification directe avec une batterie, il y a l’électrification indirecte avec de l’hydrogène et des piles à
combustible ou encore des e-carbu- rants. Pour en revenir à votre question: oui, l’argument est insuffisant car il occulte les exigences à satisfaire pour obtenir un système global efficace. En plus de l’électricité, nous avons besoin d’un vecteur d’énergie stockable et facilement transportable. Dans un sys- tème énergétique neutre pour le climat, il s’agit de l’hydrogène produit à partir d’électricité renouvelable. C'est la seule solution pour que l’utilisation de l’éner- gie devienne indépendante non seule- ment du lieu où l’électricité est produite, comme c’est le cas pour la batterie qui doit être chargée parallèlement à la production d’électricité, mais aussi du moment où elle est produite. Cet avan- tage systémique de l’hydrogène comme vecteur d’énergie compense les pertes liées à la conversion. Si l’on en tient compte, le potentiel de l’hydrogène pour la circulation routière apparaît sous un jour nouveau. En tant que nation indus- trialisée en particulier, il est bon de
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